Le 28 juin 2024, la deuxième dépression tropicale prend naissance dans l’Océan Atlantique à environ 2000 km au large des petites Antilles dans un environnement exceptionnellement favorable à la formation de cyclone pour la fin du mois de juin. Le système se renforce rapidement le 29 juin pour devenir la tempête tropicale BERYL puis un ouragan dès la fin de journée et atteindre le stade de catégorie 4. Le 1er juillet, BERYL s’est encore intensifié pour devenir un ouragan de catégorie 5. Des investigations de terrain ont été menées par le BRGM les jours qui ont suivi le passage de BERYL.
15 juillet 2024

Trajectoire et intensité de BERYL sur les Petites Antilles

trajectoire_Beryl
Levé_topographique

Observation collectées avant et après le passage de BERYL sur la commune de Sainte-Anne.

© BRGM

Les effets de BERYL se sont d’abord fait sentir sur la côte Atlantique. La perturbation recoupe ensuite l’axe des Petites Antilles le 1er juillet dans l’après-midi entrainant des effets plus conséquents sur la Martinique, notamment sur les façades Sud et Caraïbes. De fortes vagues se propagent vers le littoral de la Martinique avec un fort potentiel érosif. Dans le cadre du suivi réalisé par l’observatoire, un diagnostic post-tempête a été réalisé sur certaines plages sableuses. Des observations et des mesures ont été collectées et des témoignages ont été recueillies. De plus, deux plages ont fait l’objet de levés topographiques spécifiques pour préciser l’ampleur du phénomène d’érosion. Une échelle de classification des impacts est également formulée, basée sur l’évolution de différents indicateurs morphologiques et permet de dresser un bilan des évolutions associés au passage de BERYL. 

Avant et après BERYL (plage du Carbet)

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Avant / Après BERYL Carbet

Avant / après BERYL

© BRGM

impact érosif

Cartographie synthétique des impacts érosifs observés sur les sites suivis. 

© BRGM

Les observations réalisées avant et après le passage de BERYL montrent des impacts érosifs modérés à forts qui se concentrent sur la côte Caraïbe, entre la commune du Prêcheur au nord et celle de Saint Anne au sud. On trouve une exception pour la plage de Dizac au Diamant avec un niveau d’érosion sévère lié à l’exposition de la plage aux houles cycloniques. En effet, l’évolution morphologique de cette plage est caractérisée par une diminution importante du stock sédimentaire avec pour conséquence un recul du trait de côte généralisé variant de quelques mètres à presque 20 mètres au centre de la plage de Dizac.  Parmi les cellules sédimentaires les plus touchées, on trouve celle du nord Caraïbe. Sur la commune du Prêcheur, l’érosion a entrainé un recul de la position du trait de côte de plusieurs mètres voire une dizaine de mètres dans le quartier de la Charmeuse associé à un abaissement du profil de plage.

Impact_submersif

Cartographie synthétique des impacts submersifs observés sur les sites suivis. 

© BRGM

Les observations ont également mis en évidence une concentration des impacts submersifs sur les bourgs de la côte Caraïbe. La submersion a été accompagnée par des phénomènes de chocs et de projection liés à l’action mécanique des vagues. Les vagues sont venus déferler sur le front de mer de la quasi-totalité des bourgs visités. Le niveau d’impact a été qualifié de sévère sur deux sites où la submersion s’est maintenue après le pic de l’événement (Anse Figuier) de manière permanente et/ou a été très pénétrante (comme à Fort de France).

L’anticipation du recul de la position du trait de côte doit reposer d’une part sur la connaissance des évolutions historiques et d’autre part sur une bonne compréhension locale du fonctionnement de la dynamique du littoral. Les observations collectées participent à améliorer la compréhension et la quantification des phénomènes de reculs évènementiels majeurs du trait de côte associés aux évènements météorologiques de fortes intensités. La houle cyclonique induite par l'ouragan BERYL n'est pas considérée comme le la plus dévastatrice depuis ces trente dernières années. Cependant au vu des impacts érosifs et submersifs observés sur la façade Caraïbe et des analyses morphologiques réalisées, cet événement peut être considéré comme une référence en termes de classification des tempêtes pour la côte Sud de la Martinique.